Pourquoi NOVISSEN? Pourquoi engager cette lutte depuis six ans?
La "SCEA Côte de la Justice" de M. Ramery (entrepreneur de BTP du Nord-Pas-de-Calais) décédé en 2016 est toujours décidée à implanter une usine de 1000 vaches laitières et 750 veaux, et un méthaniseur (non encore construit !?), sur les terres de Drucat-le-Plessiel et de Buigny-Saint- Maclou, près d'Abbeville . Un projet hors normes, jamais vu en France quoi qu'en dise aujourd'hui son gérant qui veut minimiser son impact !
Novissen est une association locale citoyenne de plus de 3100 adhérent(e)s qui entend se faire entendre sur les conséquences néfastes de ce projet à court, moyen et long terme sous tous les aspects: environnemental, économique sans oublier la santé publique et le bien-être animal!
PHOTO DE L'USINE
C'est un projet industriel que nous refusons car les risques sont démesurés !
La santé publique est mise en danger !
Ce projet industriel met clairement en danger la santé publique et il est grand temps que les autorités responsables mesurent l’ampleur des menaces.
Ne parlons pas pour le moment ici des rejets du méthaniseur déclarés par le promoteur «acceptables en termes toxiques et cancérigènes », il n’est toujours pas construit ! Mais de quel droit ferait-on prendre de tels risques à la population ?
Evoquons ici les conséquences d’un regroupement inédit d’animaux dans une seule enceinte : près de 900 vaches et 600 génisses sans accès à l’extérieur avec pour seul objectif une production maximum de lait pour amortir des investissements très importants, de l’ordre de 4 millions d’euros !
Il est bien connu que les fortes concentrations d’animaux favorisent les épidémies, la mutation incontrôlable de virus et que l’utilisation de ce fait nécessaire d’antibiotiques augmente l’antibiorésistance…qui inquiète aujourd’hui beaucoup les médecins pour l’homme !
75% des antibiotiques utilisés dans le monde le sont pour l’élevage et particulièrement pour l’élevage intensif…On déplore déjà des milliers de morts par an pour cause d’antibiorésistance !
Déconcentrer les animaux, les répartir dans des fermes beaucoup plus petites, c’est éviter au maximum les épidémies et avoir moins recours aux antibiotiques !
Ces bêtes en surnombre, emprisonnées à l'année dans des conditions de vie contraires à leurs besoins physiologiques naturels, au régime alimentaire modifié pour produire au maximum, donneront un lait industriel, puis une viande de réforme, de piètre qualité.
Les vaches nourries en étable-usine essentiellement avec du maïs et du soja (souvent OGM car moins cher) voient en effet la qualité de leur lait se dégrader contribuant aux maladies cardio-vasculaires et à l’obésité, au développement du diabète et de certains cancers.
Et pour produire toujours plus de lait, le maïs remplace de plus en plus l’herbe ! Il en résulte un lait industriel déséquilibré.
Trop peu d’omégas 3 aux puissantes fonctions anti-inflammatoires et trop d’omégas 6 aux forts principes inflammatoires ! Un vrai problème de santé publique !
Novissen revendique la transparence et souhaite que le consommateur puisse faire la différence entre lait bio, lait de pâturage et lait industriel.
On comprend pourquoi cet étiquetage est refusé : qui voudrait acheter le lait industriel des 1000 vaches ou manger le steak de vaches réformées au bout de trois ans ?
Ne nous laissons pas abuser par des discours trompeurs sur une qualité du lait industriel exemplaire ! Avec le lait des 1000 vaches, impossible de faire du fromage ! La qualité bactériologique est sans doute là mais certainement pas la qualité nutritionnelle !
La production laitière en France doit à nos yeux chercher d’abord la qualité plutôt que la quantité ! Tout le monde sait bien qu’à une alimentation différente correspond un lait différent ! Très documenté au niveau scientifique, le lien entre alimentation des vaches et qualité nutritionnelle est totalement ignoré par les autorités sanitaires !
Si le lait était payé en fonction de la qualité de sa matière grasse, ce qui serait souhaitable pour la santé de la population, des vaches et de la planète, l’usine des 1000 vaches n’existerait tout simplement pas !
L’environnement est mis en danger !
N’oublions pas que le projet initial du promoteur contient deux choses : la ferme-usine des 1000 vaches qui est en partie construite, avec 880 vaches laitières (dont 500 seulement autorisées) et 600 génisses et un méthaniseur prévu au départ d’une puissance d’1,6MW avec une récolte de déchets divers dans un rayon de 110km. Pour l’épandage, il faut 2700 ha de terres pour les 40000 tonnes annuelles de boues résiduelles, 24 communes sont concernées…
Cauchemardesque ? Oui car c’est risquer un air vicié, des infiltrations dans les nappes phréatiques…Selon l’ARS (Agence Régionale de Santé) la qualité physico-chimique de notre eau est déjà mauvaise, polluée par les nitrates et les pesticides ! Ce projet ne va rien arranger !
En Baie de Somme, on peut craindre des algues vertes, comme en Bretagne ! Et n’oublions qu’un Parc Naturel Régional Baie de Somme est prévu dont la charte prévoit explicitement que l’élevage en pâture est le seul recommandé !
Les véhicules lents, lourds, parfois boueux dans la circulation multiplient les risques d'accidents sur la D928 déjà très chargée. Les riverains supportent le va-et-vient et payent pour la réfection des chaussées dégradées.
Les 27000 litres de lait produits quotidiennement par l’usine des 1000 vaches vont chaque jour en Belgique par camion-citerne…Le prix du litre de lait y est apparemment mieux payé qu’en France! Bon pour la planète ?
Novissen réclame un véritable bilan carbone de cette usine clairement incompatible avec la lutte contre le dérèglement climatique ! Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités et agissent de façon cohérente !
Non seulement cette usine est illégale mais elle est climaticide ! Les vaches nourries à l’herbe produisent jusqu’à un tiers de moins de méthane qui est un puissant gaz à effet de serre ! Pourquoi autoriser de tels projets dans la situation actuelle ?
Chaque année, ce sont au moins 600 tonnes de soja OGM qui sont importées très probablement d’Amérique du Sud avec les dégâts que l’on sait : déforestation incontrôlable, utilisation massive de pesticides…Totalement inacceptable, ne soyons pas complices malgré nous ! Novissen milite pour un élevage respectueux de la nature et une autosuffisance en termes de nourriture des animaux.
L’élevage traditionnel est mis en danger !
Cette étable industrielle va accélérer la disparition des exploitations actuelles. Entre 2000 et 2010 la France a perdu 42% de ses exploitations laitières…
La SA Ramery, en rachetant beaucoup de terres, empêche les jeunes agriculteurs de s’installer. Les SAFER n’ont malheureusement pas le pouvoir de gérer les terres lorsqu’il s’agit de sociétés ! Faut-il laisser partir les terres aux gros industriels, aux fonds de pension, depuis peu aux Chinois… ?
Quant à la création d’emplois, elle n’existe pas ! Le risque est bien de finir comme en Allemagne avec des étrangers payés au rabais pour faire baisser les coûts ! Les employés ne restent d’ailleurs pas bien longtemps dans cette usine où l’on emploie des personnes non qualifiées en CDD pour s’occuper des animaux : c’est préférable selon le gérant Michel Welter. Avec des conséquences très négatives sur le bien-être du troupeau !
Sur un plan strictement économique on est en pleine absurdité puisque l’Europe est déjà en surproduction et que les crises laitières se succèdent depuis que les quota ont été supprimés en juin 2015 ! Nous sommes vraiment dans l’agrobusiness avec pour seul objectif le profit !
Les produits laitiers ont généré 25,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2012 !
Les « 1000 vaches » exportent quotidiennement le lait en Belgique, lait qui finira en partie en poudre elle-même exportée par exemple au Sénégal où elle mettra en difficulté les producteurs de lait locaux qui finiront bientôt sur les routes de Libye tentant de gagner coûte que coûte l’Europe….
On le voit, cette filière industrielle mondialisée du lait est destructrice non seulement de l’environnement au niveau local mais aussi en amont dans les pays où l’on produit massivement soja et maïs et en aval dans les pays où l’on revend à bas prix du lait européen largement subventionné par la PAC.
L’usine des 1000 vaches est un des maillons de cette filière, le plus important en France.
Elle est le symbole d’une agro-industrie uniquement motivée par le profit et dont le système de production met en danger notre planète.
L’économie du lait dans sa forme industrielle coûte très cher à la société et à l’environnement. En 2014 un rapport du « Basic » Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne, a estimé que les conséquences négatives de l’économie laitière s’élevaient à plus de 7 milliards d’euros par an ! Pollutions de l’air et de l’eau, dérèglement climatique, déchets générés…sans parler d’une condition animale dégradée
Vous pouvez lire l’intéressant rapport : « Evaluation des impacts sociétaux de la filière lait française » de juin 2014
Le bien-être animal est bafoué !
Nombreux sont les membres de Novissen soucieux du bien-être animal et notre association n’oublie pas qu’L214 a apporté son soutien dès le début à notre lutte.
Nous ne pouvons accepter que des milliers d’animaux soient enfermés toute leur vie dans un hangar avec pour unique objectif de produire un maximum de lait pour un maximum de profit.
Les vaches sont sélectionnées génétiquement pour produire au moins 7000 litres de lait par an . Inséminées artificiellement, elles produisent à la chaîne du lait et des veaux parfois dès l’âge de 15 mois… Traites 3 fois par jour elles souffrent souvent d’infection des mamelles et sont soignées par antibiotiques. Au bout de cinq ans, parfois avant lorsqu’elles ne produisent pas assez, elles sont envoyées complètement épuisées à l’abattoir…pour garnir les rayons de steak haché des supermarchés ! Une vache a normalement une espérance de vie de vingt ans !
La vache est réduite à être un outil de transformation du maïs soja en or blanc. Le vivant est complètement soumis à une soi-disant haute technologie qui cherche obstinément à le contrôler.
Nous refusons ce mode de production qui n’a plus rien à voir avec le véritable élevage, qui tue la biodiversité et méprise l’animal à tous les niveaux.
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Novissen est engagée dans une lutte de longue haleine qui a déjà porté ses fruits : le projet est largement contesté au niveau juridique et notre association a la preuve qu’ayant démarré en septembre 2014, dès mars 2015 l’usine des 1000 vaches était dans l’illégalité avec plus de 700 vaches au lieu des 500 autorisées. Un non-respect de la loi inadmissible !
Usine illégale et climaticide, les « 1000 vaches » représentent un modèle dépassé qui doit d’urgence être abandonné.
Contestée depuis le début par Novissen avec le soutien d'autres associations et la Confédération Paysanne, aucune autre usine de production de lait de cette envergure n’a vu le jour en France.
La population dans sa grande majorité refuse désormais le développement des fermes usines. Les mentalités évoluent heureusement à grands pas même s’il reste encore beaucoup à faire!
Novissen continuera son travail d’information tant qu’il le faudra notamment par l'organisation de conférences avec des experts et des spécialistes des questions agricoles et mènera jusqu’au bout ses combats juridiques.
Nous sommes toujours plus nombreux à exiger une véritable transition agricole respectueuse de l’environnement, de l’animal et de l’homme – producteur et consommateur.
Nous affirmons haut et fort que l'on n’a pas le droit d'entreprendre n'importe où, n'importe comment, et à n'importe quel prix avec pour mobile le simple profit! Toutes les conséquences, notamment environnementales, doivent être assumées et l'entreprise du XXIe siècle doit être totalement responsable à tous les niveaux, particulièrement dans le respect dû aux animaux.
Nous restons vigilants, le combat continue!
Janvier 2018
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